Aujourd'hui devait être une journée de repos. Ce fut donc avec un plaisir inouï que je me levai à onze heures du matin.... Et ce fut avec beaucoup moins de plaisir que j'entendis mon portable sonner. J'avais enregistré une sonnerie pour mon patron en particulier, et ce fut celle-là qui sonnai... J'imaginais déjà les pires scénarios, me disant que je m'étais trompée de jour de congé. Je décrochai le téléphone avec mauvaise humeur, "Allô...Oui, bonjour Reika. Oui, patron, c'est pour quoi ?Bah, en fait, Olivia ne sera pas là ce soir, elle est malade..."
Mouais, je connaissais la suite. Elle est malade, elle a la travaillïte aiguë, vous connaissez ? C'est une maladie qui vous empêche d'aller travailler et force quelqu'un d'autre à se rendre à votre travail à votre place...
Bon, bah tant pis, au moins, j'avais toute la journée pour flâner. J'enfilai rapidement une blouse grise, sans manche, un tantinet transparent, mais pas vulgaire non plus. Avec ça, quoi de mieux qu'un bas nylon en résille et un mini short noir ?
Niveau visage, je me mis rapidement du mascara et du crayon. Bon, et si ça ne plaisait pas au boss, ce soir, qu'il aille... Se faire voir. Il n'avait qu'à ne pas m'envoyer balader mon jour de repos, na !
Ensuite, j'employai ma journée à errer dans Paris. Je me rendis dans les catacombes, comme quasi quotidiennement, pour aller vois si la cachette de mon petit protégé n'avait pas été découverte. Je vérifiai que personne ne rôdait, avant de me déshabiller et de me transformer. Sous cette forme, j'avais plus facile de savoir si quelqu'un avait pénétré la crypte où le petit Cédric passait ses nuits ou non.
Dieu merci, personne n'avait forcé ce passage. Il était donc en sécurité pour la journée... Et j'espérais que la nuit aussi, vu que je travaillais, je ne pourrais pas aller le voir.
Je me défoulai un bon coup, me dépassant, me faisant peur... Bref. Puis je revins à mon point de départ, et me rhabillai en vitesse.
Ensuite, je pris le chemin de mon petit bar en traînant les pieds.. Moi qui m'avais prévu une chouette journée shopping... C'était raté. M'enfin, j'espérais que les clients seraient sympathiques, et que les pourboires aussi. D'habitude, je servais en journée, et les clients étaient en général de jeunes beaux gosses fils-à-papa pleins aux as, et les pourboires étaient faramineux.
Je me rendis dans les vestiaires avec lassitude, enfilant mon tablier et ma gentille petite tenue de serveuse qui connait le "bonjour-aurevoir-merci beaucoup de votre visite-le tout avec un sourire crispé" par coeur. Alors qu'en fait, j'étais plutôt du style "Hey ! Salut comment ça va ? Et tes enfants vont bien ? Moi ? Oh, bah toujours célib', tu sais bien ! Bon, bah j'te laisse, j'ai d'autres clients". D'ailleurs, on me disait souvent que je devrais changer de tenue de serveuse, mais le boss était pas d'accord...
Enfin, je pense, je pense, et le temps avance ! Je regardai l'heure avec sournoiserie. Et oui... Il était déjà neuf heures, le soleil commençait à se coucher et je me dirigeai d'un pas lent vers mes tables. Mh... Des vieux. Des ivrognes... Bon sang, dire qu'il n'était que neuf heures... Qu'est ce que se serait à minuit ? Et plus tard ? Pfiou... Je comprenais maintenant ma collègue qui s'était faite passée pour malade...
Bon, tant pis. Je pris mon courage à deux mains, et commençai à prendre les commandes, en essayant de garder le sourire (et ce n'était plus le sourire détendu que je gardais en journée, celui de la jeune et belle serveuse qui aime son travail. Non, cette fois-ci, c'était vraiment le sourire crispé "je souris parce que je n'ai pas le choix.")
Ce fus donc avec un étonnement proche de l'émerveillement qu'on a en assistant à un miracle que je vis apparaître à une de mes tables un homme, apparemment jeune. Il avait des cheveux blonds, et de superbes yeux gris. Par contre, il avait d'énormes cernes mauves sous les yeux, sans doute un noctambule parisien...
C'est avec un sourire un peu plus détendu que je m'approchai de lui pour prendre sa commande.
-Bonjour, qu'est ce que vous prendrez, Monsieur ?
